I) Les crises passées du capitalisme financier
Récapitulons d’abord les chocs subis par l’économie mondiale depuis le début du tout-financier libéral dans les années 80 :
- 1987 : krach boursier mondial (actions)
- 1989-91 : krachs immobiliers en série
- 1994 : Krach obligataire mondial (dette)
- 1997-98 (émergents seulement) : tous les marchés s’effondrent en Asie du Sud-est, etc.
- 2000 : Krach mondial sur les actions (« technologique »)
- 2007-2009 : Crise générale : immobilier, bourse, banques
- 2011-14 (Europe seulement) : chocs budgétaires négatifs (politiques d’« austérité »), crises et récessions
- 2014 : Krach pétrolier (favorable aux pays consommateurs seulement)
Sur ces huit chocs, sept (à l’exclusion de la crise de la zone Euro) ont été provoqués par l’explosion de bulles spéculatives alimentées par la dette privée – y compris le crédit aux spéculateurs. Et encore… Les politiques européennes de 2011-2014, causes des récessions, ont été officiellement justifiées par les attaques spéculatives contre les pays périphériques de la Zone Euro (les « PIIGS »), dont « les marchés » pouvaient penser – à juste titre – qu’ils ne seraient pas soutenus par les pays du cœur (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, France dans une certaine mesure) puisque Maastricht interdit la solidarité financière entre les Etats membres.
Autrement dit, il y a eu deux causes majeures et liées à tous ces accidents : les bulles, alimentées soit par la crainte (hausse des prix du pétrole), soit par l’euphorie (la « nouvelle économie » en l’an 2000) et la dette – souvent sous forme de crédit bancaire. Ces craintes ou ces espoirs peuvent être légitimes au début du processus, mais très vite la spéculation s’en empare et le marché dérape. Il faut bien comprendre par ailleurs que toute spéculation efficace suppose un crédit, seule façon de bénéficier d’un effet de levier qui amplifie les gains… ou les pertes.
La dette elle-même peut résulter du crédit bancaire (dette des ménages, des PME, des petites collectivités publiques,…) ou de l’émission de titres de dette sur les marchés (obligations ou autres titres plus risqués), par les grandes entreprises, les grandes collectivités publiques et les Etats.
Voilà pour les causes « structurelles ». Cela dit, la cause « immédiate » (le facteur qui, à un moment donné, déclenche le retournement, la goutte d’eau qui fait déborder le vase) est presque invariablement la hausse des taux de la Banque centrale américaine (la FED). Ces hausses de taux ont plusieurs effets :
- Quand les taux remontent, cela provoque le retournement des marchés spéculatifs (krachs) et peut mettre en difficulté les emprunteurs, à taux variable notamment (ménages américains,…)
- Quand les taux US montent, cela entraîne en général une hausse du Dollar qui alourdit la dette des emprunteurs en Dollars – notamment les pays émergents – et cela attire les capitaux aux USA au détriment de ces pays.
- D’un autre côté, des taux très bas incitent à l’endettement – cas actuel
Le graphique suivant permet de constater que la hausse des taux a correspondu, depuis les années 80, avec les principaux krachs (1987, 1989, 1994, 2000, 2007) :